La médecine des plantes en naturopathie

Vanessa Betschart, naturopathe MTE

Il existe plusieurs formes de remèdes en phytothérapie. La première différence est l'utilisation de plantes fraîches, sèches ou dîtes stabilisés. Le concept du stabilisé existe depuis plus de 30 ans, et consiste à prendre une vraie plante ou une vraie fleur dans la nature et à remplacer la sève par une substance parfaitement écologique et spécifique à l'espèce traitée, fruit d'une recherche poussée qui permet de conserver ce végétal des années sans besoin d'entretien, tout en gardant son aspect originel et sa souplesse, ceci sans avoir besoin d'eau ou de lumière.

Le deuxième élément est le choix de la techniques d'extractions dans un but d'obtenir les vertus de la plantes désirés et le choix du solvant dans lequel nous allons conserver les principes actifs c'est à dire les éléments thérapeutiques. Vous trouverez ci-dessous une liste non-exhaustive de galéniques (mise en forme des produits pharmaceutiques) qui diffèrent selon les choix susmentionnés.

Poudre de plante sèche

Cette méthode d'extraction peut être utilisée sous forme de gélule ou sert de base pour d'autres galéniques. Avantages des gélules : faciliter de la prise pour le patient, idéal pour les parties de la plante qui ne sont pas fragiles comme les écorces, racines et feuilles épaisses. La technique utilisée et celle que l'on nomme cryobroyée (une pulvérisation à basse température) qui conserve la biodisponibilité car la poudre est très fine. Inconvénients : les produits ne sont pas stables dans le temps, il faut donc les consommer rapidement, les huiles essentielles des plantes sont vites évaporés. De plus, la qualité peut varier en fonction des techniques de pulvérisation et de conservation, il est donc très difficile de contrôler la qualité du produit. Enfin son assimilation dépend principalement de la capacité digestive du patient.

EPS = extrait fluide glycériné de plante fraîche

Fabriqué à base de cryobroyat (broyées à froid) de plantes fraîches, celui-ci est ensuite mis dans une solution hydro-alcoolique via un procédé que l'on appelle lixiviation (opération qui consiste à faire passer lentement un solvant à travers un produit convenablement pulvérisé et déposé en couche épaisse, pour en extraire un ou plusieurs constituants solubles). L'alcool est ensuite évaporé et l'extrait est mis dans une solution glycérinée pour la conservation. Avantages : préserve l’ensemble des molécules actives et utiles de la plante qui constituent le Totum. Or, aucune de ces molécules prises séparément n’est généralement capable de reproduire les mêmes effets que la plante d’origine. Autrement dit, en phytothérapie, 1 + 1 = 3... et même plus ! Le tout, c'est-à-dire la plante ou partie de plante utilisée entière, est supérieure à la somme de chacun de ses composants. Inconvénients : difficile d'adapter les posologies de manière individuelle et les coûts sont relativement élevés.

Extraits fluides

Lixiviation de la poudre de plante sèche dans de l'alcool, le tout dans un rapport égal : 1:1 (1gr d'extrait pour 1gr de plante sèche). Avantages : le produit final est sous forme liquide et l'alcool permet une bonne conservation à long terme. Inconvénients : Le nombre de plante est limité, la qualité varie selon le procédé d'extraction choisi, le prix est relativement élevé et la présence d'alcool peut gêner.

Teintures-mère

Macération de la plante entière et fraîche (sauf quelques exception) dans de l'alcool à 95° durant 21 jours. Cette méthode est utilisée comme remède ou comme base au préparation homéopathique. Le rapport d'extraction est de 1:10. Avantages : 100% des propriétés et de l'efficacité de la plante fraîche, une forme diluée avec très peu de risques et d'effets délétères, très grand choix de plantes et des prix corrects car surveillés. Inconvénients : faible concentration des principes actifs et présence d'alcool assez importante.

BMG : Macérat glycériné de bourgeons de plantes

Les jeunes bourgeons des plantes regorgent d'une force vitale, d'un potentiel de croissance et sont riches en facteurs de croissance végétaux. Cette méthode a une action purifiante, drainante et régulatrice. Il existe deux types de macérats de bourgeons (forme initiale d'un rameau à feuilles ou à fleurs, avant sa période de développement). Macérat mère : bourgeons frais de plante mis à macérer dans un solvant à part égale d'eau, de glycérine et d'alcool. Le rapport d'extraction est de 1:20. Macérat glycériné D1 : macération de bourgeons frais dans un rapport égal de glycérine et d'alcool à 90° durant 3 semaines puis filtré sous pression (100 barres environ). La préparation est ensuite diluée et dynamisée en 1DH, une dissolution basse pour un traitement doux. Avantages: les propriétés restent stables dans le temps, large choix de traitement, culture biologique et sauvage Inconvénients : les mêmes contre-indication que celles des plantes, déconseillé aux enfants en bas âge.

Tisanes

Cette méthode utilise souvent des plantes sèches. 1 cuillère à café correspond à environ 1 à 2 g. Pour la quantité d'eau 1 tasse correspond à environ 1/4 de litre soit 250 ml. Si les plantes choisies sont coupées en tout petits morceaux (menu ou infusette) c'est très souvent le cas, la cuillère est bien pratique pour un dosage rapide. Si par contre les plantes se présentent sous la forme entière, un peu plus grandes et parfois recroquevillées sur elles-mêmes, une seule feuille risque de remplir toute la cuillère et vous n'obtiendrez pas le bon dosage ! Il faudra dans ce cas peser la dose recommandée et évaluer le volume en cuillère pour les prochaines infusions. Selon les plantes et surtout les parties de plantes que l'on utilise pour faire sa tisane, le mode de préparation est différent. L'infusion convient particulièrement bien aux fleurs et aux feuilles (fines ou aromatiques) ou en tout cas pour les parties les plus fragiles. La décoction est principalement utilisée pour les racines, les tiges et les écorces. L'infusion consiste à verser de l'eau bouillante sur des plantes au moment précis où l'eau entre en ébullition. Il faut alors couvrir le récipient et laisser infuser le temps nécessaire (de 2-3 min. pour les aromatiques et les thés à 10 min. en général voire une heure selon la plante). Vous pouvez mélanger la préparation à l'aide d'une cuillère en bois avant de filtrer et de déguster. L'infusion peut éventuellement se sucrer au miel ou avec du sucre complet bio, il est cependant conseillé de ne pas sucrer les infusions préparées avec des plantes amères qui ont comme visée thérapeutique d'activer les fonctions biliaires et hépatiques. La décoction, s'agit de faire bouillir de l'eau froide dans laquelle on a mis les plantes au préalable. Le temps d'ébullition varie de 2-3 minutes à 10 min. en général voire 1/2 heure - 3/4 d'heure selon la ou les plantes utilisées. Avantages : facile à préparer, bonne disponibilité des principes actifs, convient aussi aux enfants (sous réserve de contre-indications). Inconvénients: difficile de mesurer la qualité des plantes et demande une régularité pour obtenir un effet thérapeutique.

Spagyrie

Les plantes médicinales fraîches sont broyées avec de l'eau et de la levure pour activer la fermentation. Le tout est stocké durant environ 2 à 3 semaines pour profiter pleinement d'une fermentation complète. Ensuite, les substances actives sont obtenues grâces à une méthode de distillation à la vapeur d'eau. Le reste est incinéré et calciné à 400° dans un four spécial et ceci à plusieurs reprises pour obtenir tous les minéraux et oligoéléments de la plante. La dissolution est ensuite réunie c'est ce que l'on appelle un mariage-spagyrique. Ces essences sont utilisées pour stimuler ou maintenir le potentiel d'auto-guérison du corps. Avantages : convient aux enfants et aux femmes enceintes (sauf contre-indications), pratique en déplacement et les principes actifs sont directement absorbés par la muqueuse buccale. Inconvénients : difficile de mesurer la qualité des plantes et demande une régularité.

HE = Aromathérapie ou huiles esssentielles

L'utilisation de l'essences de plantes aussi appelée huiles essentielles ou huiles volatiles sont des huiles extraites de végétaux. Les végétaux en ont besoin pour attirer les insectes pollinisateurs, pour se protéger des rayons UV et des prédateurs ainsi que pour lutter contre certaines maladies. Il existe plusieurs moyens pour extraire cette essence de la plante, la plus connue : la distillation. On utilise de la vapeur d'eau directement sur la plante qui se charge notamment avec les huiles. Lors du refroidissement de l'eau, les huiles se détache et flotte à la surface. On les récupère ensuite par décantation. Il existe aussi l'extraction par solvant qui consiste à dissoudre dans un solvant volatile, le résultat s'appelle "absolue" et est presque similaire aux HE (huiles essentielles) ou l'expression. Ce système consiste à presser la partie de la plante concernée pour récupérer l'essence. Avantages : les principes actifs sont très concentrés car seulement une partie de la plante est utilisée. Inconvénients : une mauvaise utilisation ou un surdosage peut être toxique pour l'organisme et le nombre relativement limité de plantes sur le marché car certaines contiennent que trop peu d'HE et le prix serait exorbitant comme par exemple la rose, on obtient 30g d'HE pour 100kg de fleurs.

Attention, il existe sur le marché de nombreuses HE synthétiques qui n'ont aucune vertu thérapeutique. Celles-ci sont utilisées uniquement comme parfum d'ambiance. Elles sont toxiques pour l'organisme. Les autres HE dîtes pures pour l'usage médicinal peuvent être prises par voie orale (par la bouche), rectale (en suppositoire), vaginale (en ovule), respiratoire (par le nez) et cutanée (sur la peau). Elles sont choisies en fonction de vos troubles mais également de votre état de santé et de votre tempérament. Mais, certaines huiles essentielles ne peuvent pas être mise sur la peau ou avalée !

Fleurs de Bach ou Essences florales

Le choix des plantes utilisées est primordiales pour conserver l'état de conscience de la plante. Le lieu de cueillette est pris en considération ainsi que le niveau vibratoire de la plante. La fabrication de l'essence est en premier lieu protégée des ondes électromagnétiques et favorisée par des mesures géo biologiques. On utilise deux procédés, avec de l'eau de source, soit la solarisation, plus utilisé en été pour les fleurs délicates ou l'ébullition plus pour les fleurs d'arbre, de buissons et plantes qui fleurissent en début d'année. Elles sont ensuite retirées de l'eau , filtrées et mélangées avec un solvant. Les solvants utilisés sont mûrement réfléchis et très régulièrement contrôlés. Il s'agit soit de cognac biologique et vieilli en fût de chêne et dilué dans de l'eau de source ou de l'eau bidistillé pour les propositions sans alcool. Les bocaux de conservation sont en verre violet pour leurs donner une protection maximale notamment de la lumière. Avantages : convient aux enfants et aux femmes enceintes (sauf contre-indications) et pratique en déplacement. Inconvénients : ne contient pas la substance physique mais uniquement l'empreinte bioénergétique.

Hydrolats, eaux florales ou eaux aromatiques

Le procédé d'extraction des huiles essentielles et des hydrolats est le même, à savoir, une distillation par entraînement à la vapeur d'eau. L'eau qui est chauffée se transforme en vapeur et entraine sur son passage les molécules aromatiques et hydrosolubles des plantes. Après condensation, cette vapeur d'eau devenue liquide est récoltée dans un essencier ou une bonbonne. Par décantation nous obtenons d'une part l'huile essentielle constituée des molécules aromatiques plutôt « hydrophobes » (qui n'aime pas l'eau) et d'autre part l'hydrolat chargée de molécules plutôt « hydrophiles » (qui aime l'eau) et d'une infime partie d'huile essentielle restée en suspension dans l'eau. L'hydrolat est donc un produit à part entière qui présente ses propres qualités de soin même si ces dernières sont très proches de celles de l'huile essentielle. Avantages : application interne ou externe, moins dosé que les huiles essentielles mais avec les mêmes vertus, moins de contre-indications et de risques. Les enfants et femmes enceintes peuvent en principe les utiliser. Connus pour les soins de la peau et des cheveux. Inconvénients : conservation du produit relativement courte et certains producteurs y ajoutent des conservateurs.

Homéopathie

Les dissolutions homéopathiques sont produites à partir de teintures mères dans une proportion de 1 à 10 ou 1 à 100 par dilution progressive et en succussion (le fait d'agiter le liquide). Les basses dilutions (jusqu'à D12) utilisées principalement en cas de maladies aigues ou chroniques profitent pleinement de l'essence de la plante et donc de ses vertus. Plus les dilutions sont élevées, plus le spectre à des effets dits pathogénésis à savoir plus nuancé et large. Les symptômes psychiques prennent aussi plus d'importance. Les hautes dilutions sont en général, contrairement au basses, fabriquées avec des plantes toxiques ou d'autres produits médicinaux fortement personnalisés. Avantages : les effets sont profonds et durables Inconvénients : les hautes dilutions sont susceptibles dans un premier temps de déboucher sur des aggravations. Il n'est pas facile de bien comprendre et administrer correctement de l'homéopathie.

BONUS

Sels de Schüssler = sels minéraux biochimiques

Lors de la première étape de dynamisation, 9 parties de lactose sont triturées avec 1 partie de la substance minérale correspondante. On obtient ainsi le premier stade de dilution décimale = D1. Puis, 1 partie du mélange D1 est à nouveau triturée dans 9 parties de lactose afin d’atteindre le deuxième stade de dilution décimale – c’est-à-dire D2. Pour chaque étape ultérieure de dynamisation, c’est toujours 1 partie du mélange que l’on vient d’obtenir qui est à nouveau triturée dans 9 parties de lactose. Selon le Dr Schüssler, les sels de base se prennent presque tous à la sixième étape de dynamisation (D6). Les exceptions sont le no 1, Calcium fluoratum, le no 3, Ferrum phosphoricum, et le no 11, Silicea, qui sont utilisés à la douzième étape de dynamisation (D12). D1 = rapport 1 : 10 / D6 = rapport 1 : 1.000.000 / D12 = rapport 1 : 1.000.000.000.000. Les substances minérales (sels minéraux) sont vitales pour l’être humain et nous devrions les absorber par le biais d’une alimentation équilibrée et complète. Mais parfois, cela ne suffit pas et nous devons alors les apporter à l’organisme sous forme de médicaments ou de compléments alimentaires.

Pourquoi sommes-nous souvent en carences de substances minérales ? Car différents facteurs inhérents de notre société actuelle augmentent nos besoins comme le stress, l'hyperactivité, l'alimentation "malsaine", les substances générant des dépendances (café, alcool, tabac, sucre, drogue), la consommation de médicaments, la pollution électromagnétique et les besoins plus accrus dû aux sports ou à la grossesse par exemple. L'équilibre acido-basique est également un élément clé dans les réactions biochimiques. Les sels de Schüssler sont basés sur le fonctionnement cellulaire et contiennent des ions et des sels minéraux. Cette thérapie est basée sur la régulation. Avantages : convient aussi aux enfants et aux femmes enceintes (sauf contre-indications) et aucun n'effets secondaires sont connus Inconvénients : en cas d'intolérance au lactose, il est conseillé d'utilisé la forme en goutte ou des tablettes sans lactose. Si surdosage, il peut y avoir des effets dérangeants qui disparaissent une fois l'arrêt ou l'adaptation de la dose.

Oligoéléments

Ils font partie intégrante de l'organisme à des doses très petites 0.01% de notre poids et pourtant, malgré tout, indispensables. Ils fonctionnent comme catalyseurs dans l'organisme. Je choisie de vous expliquer leurs rôles via un exemple imagé. Prenons l'hémoglobine, la protéine des globules rouges qui fixe l'oxygène, le transporte dans le sang, et le délivre aux cellules du corps pour assurer leur bon fonctionnement. Imaginons maintenant qu'un livreur = le fer, le catalyseur roule avec son camion = l'hémoglobine chargé d'oxygène (ou de déchets ou de gaz carbonique) sur une autoroute = poumons et cellules. On comprend bien que ce processus ne peut pas se faire sans chauffeur. L'avantage de prendre des oligoéléments en thérapie, c'est qu'ils sont ionisés, c'est-à-dire directement assimilables, prédigérés en quelque sorte. L'inconvénient : de bien les connaître pour savoir ce dont nous avons besoin et de prescrire des doses adaptées. Le goût est atypique.

Les oligoéléments et les minéraux doivent en principe passer par la voie digestive pour être dissociés et assimilés. Ce processus peut-être altéré pour de multiples raisons : malabsorption, pathologie, efforts intenses, malnutrition, blocage. De plus, la quantité dont le corps à besoin varie d'un élément à un autre. Il est recommandé 300mg de Magnésium par jour contre 0.1g de Sélénium par exemple. Les besoins qualitatifs rentrent aussi en ligne de compte car ils peuvent être péjorés par des éléments extérieurs comme le rythme de vie, le stress, le tabac, l'alcool et la polymédication.

Conclusion

J'espère que ces explications vous aideront à mieux comprendre la magie des plantes et des remèdes dits naturels. L'automédication n'est pas forcément indiquée ! Je vous conseille vivement de choisir vos remèdes même "naturel" avec un professionnels de la santé comme un-e naturopathe, un-e homéopathe ou un-e pharmacien-ne. merci.